[a.MUA]

atelier Morphose Urbaine et Architecturale

La ville ou la vie sauvage

Quand la nature reprend ses droits... ou "on n'a pas inventé le concept de développement durable".

L'autre jour, j'ai fait un rêve, éveillée. Juste en levant les yeux. A la vue d'un bâtiment (un collège pour être plus précise, mais cela importe peu), rue de la Fontaine au Roi à Paris. Une façade pas comme les autres, et pourtant pas si originale non plus.

Sa différence résidait dans le fait qu'elle fut grignotée par une vigne vierge, luxuriante au possible, comme on en voit parfois sur certaines maisons, mais rarement à Paris. Seules les fenêtres et portes permettaient encore de deviner une construction sous ce camouflage végétal. Cette vigne présentait une certaine épaisseur, une telle densité et même une vraie matérialité, comme si les murs du bâtiment en étaient constitués.

Alors, est apparu une idée, farfelue peut-être.

Et si on "mappait" ces "murs de lierre" tout au long de la rue, voire si on imaginait une ville complètement végétale? Des formes douces, mais aussi aléatoires, des lumières nouvelles pour le passant, qui n'aurait plus à froncer les yeux devant une façade ensoleillée. Des bruits de feuilles quand la brise se lève, des teintes changeantes au fil des saisons, des chants d'oiseaux au petit matin, de la rosée et de la fraîcheur comme un sous-bois... Bref, sur l'instant, cela m'est apparu comme quelque chose de nouveau, de dingue, un truc qu'on n'est pas prêt de voir, trop poétique pour notre vie moderne!? Et puis, bon.

Retour au quotidien, en lisant les actualités. Pas un jour ne passe sans article sur le développement durable. Loin de moi l'envie de piétiner cette idée - au contraire -, mais le battage médiatique actuel finit par béatifier ce concept alors que bien des générations avant nous l'avaient déjà intégré dans leur mode de vivre, de construire, de préserver. A nous de retrouver ces réflexes d'antan.

Ces toitures ou ces murs végétalisés, qui font tant la une des journaux, finalement n'ont rien de nouveau (en dehors de la mise en œuvre).

Et puis, une autre image s'est imposée. Si un jour, l'Homme cessait de domestiquer la Nature, de la contraindre, de la tailler suivant ses idéaux, de la tenir finalement loin de ses villes, alors la Nature reprendrait probablement ses droits, et ce, à une vitesse assez rapide.

Des villes englouties, des squelettes de béton rongés par la vie sauvage. Décidément, la Nature possède une force bien supérieure. Un danger pour l'Homme? A trop vouloir l'assujettir, elle nous rend déjà ses saisons de manière perturbée, ses cyclones impromptus, avec toutes les conséquences insidieuses que nous ne devinons pas encore.

Et si... Et si l'harmonie avec notre milieu venait d'abord d'un respect, d'une vraie réflexion sur les atouts de notre environnement, en écartant toute arrogance, toute idée de supériorité de l'Homme? Pensons harmonie, et considérons-nous d'abord comme faisant partie d'un tout, comme maillon de la chaîne au lieu de simplement s'imaginer en haut de la hiérarchie. Notre survie est intimement liée à celle de l'ensemble de notre milieu, nous faisons partie non pas d'un système unidirectionnel avec l'Homme en haut de la chaîne, mais bien d'un cycle.

Commençons déjà par changer de point de vue sur nous-mêmes, le reste suivra.

[a.MUA] Collège - Vigne vierge -Vue 2
[a.MUA] Collège - Vigne vierge -Vue 1
[a.MUA] Lierre grimpant (crédit photo: F. Lamiot)